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Entre Saint-Romaine-de-Jalionas et Loyettes, le projet Rhonergia devait voir le jour sur le dernier tronçon sauvage du Rhône. Face à un dilemme énergétique et environnemental, l’État a finalement tranché en faveur des nouvelles installations nucléaires.
La décision est tombée : le projet Rhonergia visant la construction d’un nouveau barrage sur le Rhône est officiellement abandonné. Ce barrage, qui devait naître entre Saint-Romaine-de-Jalionas et Loyettes, sur la frontière entre l’Isère et l’Ain, promettait la production d’environ 140 GWh d’électricité verte par an grâce à une usine de production capable de générer 37 MW et une retenue de 20 millions de mètres cubes d’eau.
Depuis sa conception dans les années 1930, le projet Rhonergia a essuyé de nombreuses oppositions, principalement de la part des mouvements écologistes. Ces derniers dénonçaient l’impact dévastateur qu’un tel ouvrage pourrait avoir sur l’environnement local, notamment sur le dernier tronçon sauvage du Rhône. Olivier Le Berre, directeur du programme, avait tenté de rassurer en proposant des dispositifs de protection de la biodiversité, comme une rivière artificielle dédiée aux poissons. Néanmoins, ces mesures n’ont pas suffi à apaiser les craintes des écologistes concernant la possible destruction irréversible de l’habitat naturel.
Cependant, le véritable facteur ayant conduit à l’abandon de Rhonergia n’est autre que sa proximité avec la centrale nucléaire de Bugey. Selon la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), les risques techniques inhérents à la construction du barrage à proximité des futurs réacteurs EPR2 étaient trop élevés. L’État a donc décidé de prioriser la sécurité et l’efficacité énergétique des nouveaux réacteurs EPR2, dont la mise en service est prévue pour 2042.
Les futurs EPR2 de Bugey représentent une capacité de 3 340 MWe, soit bien au-delà des modestes 37 MW du barrage prévu. Pour comparaison, ces réacteurs devraient produire annuellement une quantité d’électricité deux fois supérieure à celle généra par l’ensemble des 19 barrages présents sur la partie française du Rhône, évaluée à environ 14 TWh selon la Compagnie Nationale du Rhône.
Si l’abandon du projet Rhonergia a pu décevoir certains partisans des énergies renouvelables, cette décision illustre bien les priorités stratégiques de la France en matière d’énergie. Le rapport coût-efficacité, la sécurité énergétique et la quantité de production marche comme les principaux critères sur lesquels s’est fondée cette décision.
En fin de compte, le destin du Rhône semble se conjuguer davantage avec l’horizon nucléaire des EPR2 plutôt qu’avec une nouvelle ère de barrages écologiques.