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Un rapport récent met en lumière une pratique qui suscite l’indignation chez les automobilistes adeptes de l’électromobilité : les sociétés concessionnaires d’autoroutes imposent des redevances exorbitantes aux opérateurs de recharge électrique. Cette situation se répercute directement sur les consommateurs, rendant les déplacements en voiture électrique sur autoroute aussi coûteux, voire plus, qu’en voiture thermique. Ces pratiques, loin de favoriser la transition énergétique, posent un frein important à l’électrification du parc automobile. Alors, comment expliquer ce paradoxe, et surtout, quelles solutions s’offrent aux automobilistes ?
Il est aujourd’hui courant de penser qu’une voiture électrique représente une économie sur le long terme. Pourtant, sur autoroute, cette équation économique s’inverse. Un trajet de 100 km en voiture électrique peut coûter plus cher qu’en diesel. Par exemple, avec un tarif de 0,65 €/kWh pour une recharge rapide, rouler en électrique revient à 13,65 € pour 100 km, contre 12,60 € pour un véhicule diesel consommant 6,5 l/100 km. Cette différence surprend d’autant plus que l’électromobilité est souvent présentée comme une solution économique et écologique.
Cette situation paradoxale s’explique en grande partie par les redevances imposées aux opérateurs de recharge sur autoroutes. Selon un rapport de l’Autorité de régulation des Transports (ART), plus de 18 % du prix de la recharge est reversé aux sociétés concessionnaires d’autoroutes. À titre de comparaison, les autres biens vendus sur une aire de service ne sont soumis qu’à une redevance moyenne de 4 %. Cette disparité contribue à maintenir des prix élevés, malgré une concurrence accrue entre les opérateurs.
Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Selon l’ART, les sociétés concessionnaires, telles que Vinci Autoroutes ou Eiffage, privilégient les opérateurs qui offrent les plus importantes rémunérations en échange de l’accès au domaine autoroutier. Ainsi, même si plusieurs entreprises se disputent l’installation des bornes de recharge, cette concurrence ne bénéficie pas aux consommateurs. Au contraire, elle se traduit par des prix qui restent élevés, malgré une moyenne de 7,8 candidats par appel d’offres pour les bornes de recharge.
Cette stratégie, centrée sur la maximisation des revenus des concessionnaires, interroge fortement les autorités de régulation. Pour l’ART, elle représente un frein majeur à l’électrification du parc automobile en France, alors que le gouvernement encourage cette transition dans le cadre de ses objectifs climatiques. L’autorité recommande de revoir ces pratiques en proposant une réduction des redevances imposées aux opérateurs, pour les faire passer de 18 % à 5 %. Cela permettrait de réduire significativement les coûts pour les utilisateurs tout en maintenant la rentabilité des opérateurs.
Face à cette situation, quelles solutions s’offrent aux automobilistes ? La première option consiste à limiter les recharges sur autoroute et à privilégier les bornes situées en dehors des aires de service. Certaines bornes rapides installées à proximité des autoroutes offrent des tarifs bien plus avantageux, et cette stratégie pourrait permettre de réaliser des économies significatives sur les longs trajets.
Une autre solution réside dans l’évolution technologique. Si les technologies de recharge rapide continuent à évoluer, elles pourraient permettre de recharger rapidement son véhicule hors des autoroutes, réduisant ainsi la dépendance aux bornes coûteuses des aires de service. Toutefois, ces solutions nécessitent de la planification et de l’anticipation, car toutes les bornes hors autoroute ne sont pas équipées pour recharger à la même vitesse que celles sur les aires de service.
Comparaison des coûts pour 100 km | Coût (en €) |
---|---|
Recharge électrique rapide (autoroute) | 13,65 |
Voiture diesel (6,5 l/100 km) | 12,60 |
La recommandation de l’ART visant à réduire les redevances des opérateurs de recharge reste à ce jour théorique. Les contrats des sociétés concessionnaires sont blindés juridiquement, et toute tentative de modification se heurte à une forte opposition. Les concessionnaires autoroutiers, solidement protégés par ces contrats, n’ont que peu d’incitation à revoir leurs marges, d’autant que celles-ci sont largement intégrées dans leur modèle économique.
Cette situation laisse peu de marge de manœuvre aux électromobilistes. La seule véritable option reste de minimiser l’utilisation des bornes autoroutières et de se tourner vers des alternatives en dehors du réseau des autoroutes. En attendant que les pratiques évoluent, les automobilistes devront redoubler de vigilance pour continuer à rouler de manière économique, même en électrique.