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Dans le jeu complexe de la transition énergétique, chaque avancée technologique porte en elle son lot de défis. L’un d’eux, peu connu du grand public, se joue actuellement en Belgique, où les propriétaires de panneaux solaires se retrouvent face à une situation paradoxale : ils sont rémunérés pour leur non-production d’électricité. Ce phénomène, lié aux complications d’intégration de l’énergie solaire dans le réseau électrique, soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre la promotion des énergies renouvelables et la stabilité des infrastructures énergétiques locales. Cet article s’immerge au cœur de cette problématique où les installations solaires belges révèlent une réalité où production d’énergie et indemnisation pour non-production coexistent.
L’énergie photovoltaïque a le vent en poupe en Belgique : avec 7,1 TWh produits en 2022 représentant 7,4 % de la production nationale, l’adoption de cette technologie propre est en pleine accélération. Néanmoins, cette progression fulgurante a fait émerger un défi technique particulier : le phénomène de décrochage d’onduleur.
Durant les heures de pointe solaire, entre 11 et 15 heures par exemple, une production excessive peut entraîner une surcharge du réseau. Pour prévenir les risques liés à une telle surtension, pouvant aller jusqu’à 253 V, les onduleurs se déconnectent automatiquement du réseau. Un mécanisme de défense qui peut s’avérer être un véritable casse-tête pour les producteurs d’énergie solaire.
Quant aux chiffres, ils parlent d’eux-mêmes : l’année dernière, 478 MWc de puissance ont été ajoutés au parc belge, un bond significatif qui accentue les risques de surcharge et donc de décrochage.
Ce n’est pas seulement une question technique mais aussi économique. Le décrochage d’onduleurs signifie un arrêt temporaire de la production d’électricité – et donc des pertes financières pour les propriétaires. BeProsumer quantifie ces pertes : certains systèmes subiraient jusqu’à 150 décrochages annuels. Or, l’indemnisation initialement proposée n’atteignait que 55 € par an, jugée dérisoire par l’association.
Cependant, la Wallonie a réagi en revalorisant l’indemnisation potentielle à 48,4 € par an et par kVA si le problème persiste plus de quatre mois. Pour une installation standard de 5,5 kVA, cela représenterait environ 266 € par an. Une mesure provisoire, mais essentielle pour maintenir la confiance des producteurs dans le système énergétique.
Dans le détail des plaintes reçues par Fluvius, on découvre que celles-ci ne concerneraient que 0,55 % des installations, un chiffre qui relativise la portée du problème mais qui n’en diminue pas moins sa pertinence.
Le gouvernement wallon ne s’y trompe pas : il investit massivement (214 millions) dans la modernisation du réseau pour accueillir sereinement l’énergie solaire. À cela s’ajoute l’initiative de Fluvius qui mise sur des régulateurs de tension avancés pour diminuer la fréquence des décrochages.
BeProsumer ne reste pas en marge et propose sa propre solution technologique : la « BeProsumerBox », qui vise à contrôler en temps réel la tension du réseau. Une initiative qui souligne l’esprit d’innovation indispensable à l’ère des énergies renouvelables.
Cette situation met en lumière un aspect souvent occulté de la transition énergétique : l’équilibre entre développement durable et fiabilité des infrastructures. Les solutions passent par l’innovation technologique et un ajustement constant des politiques énergétiques, une réalité que les acteurs du secteur photovoltaïque belge connaissent bien.